Actualité de la recherche sur les
mobiliers non céramiques de
l’Antiquité et du haut Moyen Âge
Actes de la table ronde européenne instrumentum,
Lyon (F, Rhône), 18-20 octobre 2012
sous la direction de
Stéphanie Raux
Isabelle Bertrand
Michel Feugère
avec le concours de l’Institut national de
recherches archéologiques préventives
mm
éditions monique mergoil
montagnac
Monographie Instrumentum 51, 2015
Association des Publications
Chauvinoises, Chauvigny
Mémoire XLIX, 2015
co-édition :
mm
Collection :
Monographie Instrumentum, 51
Collection :
Mémoire, XLIX
ISSN 1278-3846
ISBN 978-2-35518-047-7
ISSN 1159-8646
ISBN 979-10-90534-29-2
Rencontres Instrumentum – Lyon 2012
1
SOMMAIRE
PRÉFACE
é
S. RAUX – p. 5
e
v
i
r
p
COMITÉ DE LECTURE – REMERCIEMENTS
sag
– p. 6
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n
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à
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THÈME I – ASPECTS
, APPORTS DES
MÉTHODOLOGIQUES
n
i
t
s
ÉTUDES DEdL’e
INSTRUMENTUM À LA COMPRÉHENSION D’UN SITE
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du petit mobilier à la compréhension de l’établissement rural
d iL’apport
é
du “Champ Drillon” à Bezannes (Marne)
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i
A.-L. BRIVES, P. DUMAS-LATTAQUE – p. 9-31
h
c
i
F
Une place publique à Augustonemetum (Clermont-Ferrand, Puy-deDôme) : apports de l’instrumentum
C. GALTIER, G. ALFONSO, B. WIRTZ, N. BADUEL – p. 33-59
Les apports de l’analyse comparée du mobilier antique et haut Moyen
Âge des sites d’habitats urbains de la ZAC Bourgogne à Orléans (Loiret)
D. JOSSET – p. 61-80
Approche qualitative et quantitative de la consommation d’instrumentum
dans les agglomérations : l’exemple des territoires carnute, biturige et
turon (200 av. - 300 ap. J.-C.)
É. ROUX – p. 81-94
Apport du mobilier non céramique à l’étude des troubles du IIIe s. dans
le Nord de la Gaule. L’exemple du Pôle d’activités du Griffon à BarentonBugny et Laon (Aisne, France)
A. AUDEBERT, M. BRUNET – p. 95-125
Vaisselle métallique romaine des gués de la Saône. Observations
préliminaires à partir de sites identifiés
S. NIELOUD-MULLER – p. 127-143
2
Sommaire
Sulle tracce di Tito Macro. A proposito di un peso lapideo rinvenuto nei
Fondi ex Cossar ad Aquileia
D. DOBREVA, M. SUTTO – p. 145-153
THÈME II – MOBILIERS DE SITES D’HABITAT
Le petit mobilier des fouilles récentes de la ZAC Niel à Toulouse (HauteGaronne). Chronologie, caractérisation des assemblages et contacts avec
le monde méditerranéen
M. DEMIERRE – p. 157-180
Parure, éléments de serrure et autre mobilier métallique de l’établissement rural des Gains à Saint-Georges-lès-Baillargeaux (LTD1b-LTD2b)
(Vienne, F) : morceaux choisis
P. MAGUER, M. LINLAUD, I. BERTRAND – p. 181-209
La vaisselle en verre d’un contexte du IIIe s. ap. J.-C. à Vieux (Calvados)
A. LACROIX – p. 211-223
Strumenti agricoli e altri oggetti in metallo e legno da un pozzo romano
di Abano Terme (PD)
S. CIPRIANO – p. 225-231
Notes sur quelques objets caractéristiques de Nîmes (Gard) et de son
territoire
Y. MANNIEZ – p. 233-242
THÈME III – MOBILIERS DES SITES FUNÉRAIRES ET CULTUELS
Vestiges mobiliers associés aux défunts du secteur central de la catacombe
des saints Pierre et Marcellin à Rome (Ier-IIIe s. ap. J.-C.)
P. BLANCHARD, A. BARON, D. HENRI, H. RÉVEILLAS,
S. KACKI, D. CASTEX, R. GIULIANI – p. 245-267
Le petit mobilier issu d’une nécropole de l’Antiquité tardive à Savasse
(Drôme)
M. GAGNOL et collab. – p. 269-290
Le mobilier funéraire de Chéméré (Loire-Atlantique), VIIe s.
V. GALLIEN, P. PÉRIN – p. 291-301
Le mobilier funéraire du site des “Sablons” (Luxé, Charente), témoin de
l’occupation mérovingienne
M. MAURY – p. 303-314
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Rencontres Instrumentum – Lyon 2012
3
Une seconde vie pour des objets domestiques. Des contenants originaux
comme dernière demeure d’un adolescent à l’Antiquité (Ormes, Marne)
M. FÉLIX-SANCHEZ, A. MOREL, A. PELISSIER,
H. CABART (†), S. RENOU – p. 315-328
Le mobilier du sanctuaire du Clos de la Fontaine à Orléans (Loiret) du
milieu du Ier s. av. J.-C. à la fin du Ier s. ap. J.-C.
D. CANNY – p. 329-355
Les figurines en terre cuite gallo-romaines dans les cités des Aulerques
Cénomans et Diablintes
A. LEDAUPHIN – p. 357-374
THÈME IV – PRODUCTIONS ARTISANALES ET
OBJETS DESTINÉS À L’IMMOBILIER
Un nouveau témoignage sur l’artisanat des métaux à Autun (Sâone-etLoire) au Ier s. ap. J.-C. : le 11 avenue du deuxième Dragons
É. DUBREUCQ, T. SILVINO – p. 377-398
Les ateliers de travail de l’os des rues Maucroix et Mont-d’Arène (Reims,
Marne) : identification et étude des lieux de fabrication d’épingles en os
au IIIe s. ap. J.-C.
P. ROLLET, G. SCHÜTZ – p. 399-424
Les rapports entre artisanat des matières dures d’origine animale et de
boucherie à Valence (Drôme) : état de la question
A. GILLES, T. ARGANT et collab. – p. 425-444
Des activités artisanales dans les édifices publics du forum d’Aregenua
(Vieux, Calvados)
K. JARDEL, M. DEMAREST – p. 445-463
Les produits dérivés des ateliers de marbrier du forum d’Aregenua,
capitale de cité viducasse
K. JARDEL, G. TENDRON et collab. – p. 465-485
Les canalisations en bois : techniques de mise en œuvre, diffusion,
chronologie en Gaule romaine et étude de cas
L. BRISSAUD, C. LOISEAU et collab. – p. 487-516
Tuiles en écaille et quelques autres types originaux de terres cuites
architecturales de Gaule centrale et septentrionale
A. FERDIÈRE, E. JAFFROT et collab. – p. 517-552
Fichier éditeur destiné à un usage privé
4
Sommaire
THÈME V – FACIÈS INSTRUMENTUM DE LUGDUNUM
Un autre regard sur la bijouterie en or de Lyon (Rhône, France)
C. BESSON – p. 555-576
Aperçu de l’instrumentum de toilette et de chirurgie à Lugdunum. Un
état des données
É. VIGIER – p. 577-609
Les techniques de fabrication des ateliers secondaires de verriers à LyonLugdunum (Ier-IIIe s. ap. J.-C.)
L. ROBIN – p. 611-623
Bronzes figurés de Lyon. Les secrets d’un moule de bronzier intact
É. RABEISEN – p. 625-638
La vaisselle métallique d’époque romaine à Lyon :
première approche
L. GUICHARD-KOBAL – p. 639-650
THÈME VI – VARIAE
Les étuis tubulaires à bélières en bronze de l’âge du Fer
A. COURTOT – p. 653-663
Parti di mobile in agata dallo scavo di via Neroniana - Montegrotto Terme
(Padova)
F. GHEDINI, G. MOLIN, P. ZANOVELLO, A. ARDUINI, C. DESTRO,
S. MAZZOCCHIN, M. BRESSAN, A. GUASTONI, P. GUERRIERO,
F. ZORZI – p. 665-677
Les supports de pinceaux doubles en bronze dans l’Antiquité :
instruments de peinture ou de dorure ?
S. RAUX, M.-A. WIDEHEN – p. 679-697
The jewellery of a wealthy Thracian woman from Anchialos and the
fashion in Middle and Late Hellenistic jewellery
M. TONKOVA – p. 699-716
Fichier éditeur destiné à un usage privé
Rencontres Instrumentum – Lyon 2012
269
Le petit mobilier issu d’une nécropole
de l’Antiquité tardive à Savasse (Drôme)
Marie GAGNOL
Chargée d’étude contractuelle, spécialiste Instrumentum
chercheur associé UMR 5138
marie.gagnol@laposte.net
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a
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p
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Abstract
Résumé
u
e
t
di
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e r tardive, bagues, bracelets, Keywords : Late Antiquity, rings, bracelets, shoes,
i
Mots clés : h
Antiquité
cceintures, christianisme, nécropole, militaria, belts, christianity, necropolis, militaria, headdresses
chaussures,
i
F
coiffes
avec la collaboration de
Christine RONCO Inrap, chercheur associé UMR 5138
Une fouille, menée par l’Inrap en 2010 au lieu-dit La
Croze à Savasse, a permis la mise au jour d’une centaine
de sépultures datées des IVe et Ve s. ap. J.-C.
De nombreux artefacts relevant de la parure et de
l’habillement ont été trouvés : bracelets, bagues,
chaussures ou encore ceintures.
À travers ces découvertes, nous évoquerons la question
des militariae et de leur provenance, de l’identification
de coiffes et la signification d’une bague à motif chrétien
au sein de cette nécropole aux cultes païens.
An excavation led by Inrap in 2010 at a place called La
Croze in Savasse enabled the discovery of a hundred
graves dating from the fourth and fifth century AD.
Many artifacts within the adornment and clothing were
found: bracelets, rings, shoes or belts.
Through these findings, we discuss the issue of militariae
and their origin, identification of headdresses and the
meaning of a Christian motif ring in this necropolis to
pagan cults.
270
Le petit mobilier métallique issu d’une nécropole de l’Antiquité tardive à Savasse (Drôme)
Introduction
Une fouille effectuée par l’Inrap sous la direction de Christine Ronco, au lieu-dit La Croze sur la
commune de Savasse (fig. 1), a mis au jour un ensemble
funéraire rural (1) de l’Antiquité tardive.
L’espace funéraire, qui a été exhaustivement fouillé,
comportait cent vingt-huit sépultures organisées en
rangées (2). La majorité d’entre elles possédaient des
aménagements (cercueils) en matériaux périssables
tandis que seul un petit nombre disposait d’un coffrage
de tuiles ou d’amphores.
La population inhumée se compose de cent
trois individus adultes et adolescents parmi lesquels
on distingue trente-six femmes, soixante hommes,
sept indéterminés, ainsi que vingt-cinq immatures de
moins de 15 ans (3). Cent quatre sépultures contiennent
du mobilier, principalement constitué de céramiques,
parfois associées à un dépôt de faune ou de verre (Ronco
2012, 12) (fig. 2).
Les datations fournies par ce mobilier et les analyses
C14 (4) permettent de rattacher cet ensemble entre le
milieu du IVe et le Ve s. ap. J.-C.
(1) L’habitat en lien avec cet ensemble funéraire n’a pas pu être localisé.
(2) Avec une orientation majoritairement nord-sud.
(3) D’après l’étude anthropologique effectuée par Y. Gleize, J.-L. Gisclon et J. Terrom (Ronco 2012).
(4) Les datations radiocarbone ont été réalisées pour Beta Analytic Inc. par Dr M. A. Tamers et Mr D. G. Hood (Miami, USA).
b.
a.
Fig. 1 : a. Carte 1/250 000 (source : Direction de la communication Région Rhône-Alpes) ;
b. Vue aérienne générale du site (cliché : La France vue du ciel).
Fichier éditeur destiné à un usage privé
Rencontres Instrumentum – Lyon 2012
271
Fig. 2 : Plan général du site (DAO : P. Rigaud, C. Ronco, Inrap).
Fichier éditeur destiné à un usage privé
272
Le petit mobilier métallique issu d’une nécropole de l’Antiquité tardive à Savasse (Drôme)
Trente-trois sépultures ont livré des objets métalliques
ayant trait exclusivement à la parure ou à l’habillement :
trente-six artefacts et 1 128 clous de chaussures en fer (5).
L’étude présentera donc, en premier lieu, les objets
de parure, en abordant les problématiques liées à la
fonction de certains anneaux en alliage cuivreux ou à la
signification d’une bague ornée d’un motif chrétien.
Nous évoquerons ensuite les éléments d’habillement,
en ayant soin d’insister sur la provenance des ceintures
et l’identité de leurs porteurs, avant de terminer par une
synthèse abordant les enseignements et perspectives de
l’étude.
Le mobilier métallique a été découvert sur un
terrain soumis à une forte circulation d’eau, ce qui a
aggravé le phénomène de corrosion, particulièrement
celui des objets en fer.
Des radiographies (6) ont donc été nécessaires afin
d’améliorer l’identification et la compréhension de la
morphologie de certains objets. Cependant, le matériel
n’ayant pas été restauré à l’heure où nous publions cette
étude, quelques lacunes persistent.
La parure
1. Les anneaux
a. Les bracelets
Nous mentionnerons tout d’abord les objets identifiés formellement comme des bracelets, c’est-à-dire les
objets portés par le défunt ou localisés directement à
proximité des mains ou des avant-bras.
. La sépulture 65 contenait le squelette d’une femme
adulte portant trois bracelets identiques en alliage
cuivreux autour de l’avant-bras gauche (fig. 3 et 4a-b).
Ces bracelets à jonc fermé, formés d’une bande de
tôle très fine (1 mm d’épaisseur sur 4 mm de large),
présentent sur leur surface externe de petites rainures
incisées dans le sens de la largeur. Des bracelets
similaires sont classés dans le type 3.18 de la typologie
établie par Émilie Riha (1990, Taf. 70, n° 541) et dans
le type Swift a2 (Swift 2000, fig. 170) regroupant
l’ensemble des bracelets à anneaux étroits comportant
Fig. 3 : Bracelets in situ de la sépulture 65 (cliché : A. Defoulounoux,
Inrap).
des rainures. Généralement datés du IVe s. ap. J.-C,
comme dans les tombes des provinces danubiennes
(Keller 1971, Pl. 4, 10 et 49), ils apparaissent en grand
nombre en Bretagne (7) et dans la plupart des autres
provinces où ils se retrouvent toutefois fréquemment
dans des contextes plus tardifs (Swift 2000, 118 et 129).
Leur conception simple et donc courante incite à
suggérer une production issue de divers ateliers.
. De la même manière, dans la sépulture 75, se trouvait
le squelette d’une femme adulte portant deux bracelets
identiques en alliage cuivreux autour de l’avant-bras
gauche (fig. 4c-d).
Ces bracelets étroits à jonc fermé, décorés sur leur
surface externe d’une série d’encoches formant un
zigzag, s’apparentent à un type de bracelet, le type
Riha 3.17 (Riha 1990, Taf 19, n° 538), mais également
au type Swift A5 (2000, fig. 169), caractéristiques du
IVe s. ap. J.-C. et connus dans tout l’Empire (Riha 1990,
57-58 ; Swift 2000, 129). On peut signaler deux bracelets
similaires dans la tombe 50 de la nécropole du Verdier
(Hérault) (Raynaud et al. 2010, pl. 17, objets 300 et
301) suggérant le fait qu’ils soient généralement portés
par deux.
. Dans la sépulture 86, deux bracelets en alliage cuivreux
étaient alloués à un squelette d’une femme adulte
(autour de l’avant-bras gauche). Le premier bracelet
est étroit et montre un décor sur sa surface externe :
(5) Les artefacts trouvés en position résiduelle dans les comblements ou en surface ne seront pas mentionnés.
(6) Effectuées par le Centre de restauration et d’études archéologiques municipal Gabriel Chapotat (CREAM) de Vienne.
(7) Britannia.
Fichier éditeur destiné à un usage privé
Fig. 4 : a-b. Bracelets de la sépulture 65 (DAO : F. Pennors, S. Nere, Inrap) ; c-d. Bracelets de la sépulture 75
(DAO : F. Pennors, Inrap) ; e-f. Bracelets de la sépulture 86 (DAO : F. Pennors, S. Nere, Inrap).
a.
273
b.
c.
d.
e.
f.
Fichier éditeur destiné à un usage privé
274
Le petit mobilier métallique issu d’une nécropole de l’Antiquité tardive à Savasse (Drôme)
deux lignes gravées dans la longueur (fig. 4e). Le second
est un bracelet ouvert à jonc massif lisse de section
circulaire dont les extrémités sont gravées d’un ocelle
entouré de petites incisions (fig. 4f). Il s’agit de têtes
de serpent stylisées typiques du Bas-Empire. Ils sont
regroupés par E. Riha dans le type 3.10.4 (Riha 1990,
Taf. 17, 523-525). Durant l’Antiquité tardive, ces bracelets
anguiformes jouissent d’une popularité particulière
et sont fréquemment découverts dans les sépultures,
notamment dans les provinces danubiennes ou de
Slovénie (Riha 1990, 56).
En Gaule, plusieurs sépultures ont livré ce type de
bracelets. Dans la nécropole du Bas-Empire “La Callotière”
au Boullay-Mivoye (Eure-et-Loir), Dominique Canny
regroupe dans le type 3d les bracelets dits “à tête de
serpent”. Ils sont associés à des éléments datants, de
nature différente, attribués au IVe s. ap. J.-C., et dans
certains cas plus précis aux années 350-400 (Canny
2006, 33).
À Annecy, signalons également un bracelet semblable
provenant d’une tombe du IVe s. ap. J.-C. (Colardelle
1983, 307, n° 19, fig. 117).
Cette datation renvoie également à celle proposée pour
le type 1 par E. Swift, pour des bracelets “à tête de
serpent” stylisée découverts en Bretagne (Swift 2000,
fig. 215). Elle suggère une origine commune, un atelier
dans le Sud de la Bretagne, qui semble avoir limité la
distribution à la Germanie inférieure (Ibid., 177).
. La sépulture 103 renfermait le squelette d’une femme
adulte parée d’un bracelet en alliage cuivreux autour de
l’avant-bras gauche (fig. 5 et 6a).
Ce bracelet fermé, formé d’un jonc plat très fin (1 mm)
et relativement large, possède un décor poinçonné
formant deux rangées de rosaces se rapprochant du type
Riha 3.20 (Riha 1990, Taf. 19, n° 549-551) regroupant
des bracelets à motifs circulaires, formés d’une tôle
de bronze mince et possédant tous la même fermeture en crochet, bien datés du IVe s. ap. J.-C. La carte
de répartition des bracelets identiques à notre exemplaire établie par E. Swift (Swift 2000, fig. 190) laisse
apparaître une forte concentration de ces objets en
Germanie et une distribution confinée à cette province,
à la Belgique et à la Gaule Lyonnaise.
Selon Isabelle Bertrand qui classe ces objets dans le
type 2c2 pour le territoire picton (Bertrand 2003, 4950), aucun exemplaire n’est antérieur au IVe s. ap. J.-C.
On signalera également dans le cimetière du Pillon à
Marennes (Rhône), plusieurs bracelets, très proches
typologiquement de cette pièce, datés de la deuxième
moitié du IVe s. ap. J.-C. (Blaizot et al. 2001, 302).
Fig. 5 : Bracelets in situ de la sépulture 103 (cliché : P. Rigaud, Inrap).
. Unicum du site, dans la sépulture 116, un homme
adulte disposait d’un bracelet en fer autour du poignet
gauche (fig. 6b), formé d’une tige de section carrée,
aujourd’hui brisée aux deux extrémités et formant
un demi-cercle. Une autre tige de section rectangulaire
semble être collée par la corrosion le long de la
première. Le maintien autour du poignet se faisait-il à
l’aide de lien(s) en cuir attaché(s) aux deux extrémités
de la tige ?
On retrouve un objet identique dans la tombe n° 1 du
Verdier (Hérault) datée du IVe s. ap. J.-C. (Raynaud et
al. 2010, pl. 1, objet 258).
La nécropole de Savasse a donc livré cinq bracelets
dont quatre, en alliage cuivreux, sont issus de sépultures
féminines. Ils sont disposés par un, deux ou trois,
systématiquement autour de l’avant-bras gauche des
femmes. Le cinquième bracelet, en fer, porté par un
homme au poignet gauche, est la seule exception de la
nécropole.
Les éléments de comparaison connus sont principalement localisés en Bretagne, à Augst et en Germanie
où ils sont datés du IVe s. ap. J.-C.
En Gaule méridionale, Michel Feugère mentionne
une variété des formes de bracelets dans les sépultures
de l’Antiquité tardive (Feugère 1993, 143), confirmée à
Savasse par une variabilité stylistique établie. Notons
également, au regard des comparaisons sus décrites
et malgré la différence de décors par rapport aux typologies établies (par E. Swift, E. Riha notamment), une
influence germanique avérée.
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Rencontres Instrumentum – Lyon 2012
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a.
b.
d.
e.
c.
f.
g.
Fig. 6 : a. Bracelet de la sépulture 103 ; b. Bracelet de la sépulture 116 ; c-e. Anneaux de la sépulture 36 (DAO : F. Pennors,
Inrap) ; f-h. Anneaux de la sépulture 118 (DAO : F. Pennors, M. Gagnol, Inrap).
h.
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276
Le petit mobilier métallique issu d’une nécropole de l’Antiquité tardive à Savasse (Drôme)
b. Bracelets et/ou coiffes ?
Dans cet ensemble funéraire, la majorité des
anneaux en alliage cuivreux étaient portés, hormis dans
deux sépultures d’immatures : les sépultures 36 et 118.
. La sépulture 36, datée entre 260 et 430 ap. J.-C. par
analyse C14, était celle d’un individu immature âgé
entre 1 et 4 ans. Elle contenait un grand nombre de
perles et quatre anneaux en alliage cuivreux disposés à
l’arrière de son crâne. Il s’agit de deux anneaux fermés
(fig. 6c et 7), associés par la corrosion et formés d’une
bande de tôle très fine (1 mm) en alliage cuivreux, l’un
sans décor et l’autre orné de petits poinçons circulaires
entourés par deux lignes incisées dans la longueur. Ce
dernier se rapproche des bracelets de type Riha 3.19
datés entre la fin du IIe s. ap. J.-C. et la première moitié
du IVe s. ap. J.-C. (Riha 1990, Taf. 19, n° 547-548). Il
ne trouve pas de parallèle exacte dans la typologie
d’E. Swift, mais peut toutefois être rapproché du type
Strip bracelet, sous-type “à cercles poinçonnés”, daté du
IVe s. ap. J.-C (Swift 2000, fig. 180).
Un anneau composé de trois fils d’alliage cuivreux
(d’1 mm d’épaisseur) tressés, obtenus par tréfilage, est
associé à cette parure (fig. 6d). Ce type d’anneau se
rencontre dans d’autres inhumations, comme sur le site
dit “de la montée de la Butte” à Lyon, où ont été découverts, aux pieds d’un individu, plusieurs objets analogues
(Motte, Blaizot 2009, 369).
dont la diffusion s’étend en particulier sur les provinces
de Danube, mais ne se répandant pas en grand nombre
en Gaule et en Bretagne (Riha 1990, Taf. 21, n° 570-577).
Ellen Swift observe également leur rareté dans des
contextes du IVe s (Swift 2000, 124), mais démontre
toutefois leur relative abondance en Germanie inférieure
(Ibid., fig. 145).
Le quatrième anneau de la parure est un anneau
très mal conservé, formé d’une tige de section réniforme sans décor dont les extrémités sont jointes par
deux petits rivets (fig. 6e) (8).
. La sépulture 118, datée entre 250 et 410 par une
analyse C14, contenait le squelette d’un immature entre
6 mois et 2 ans. Trois anneaux en alliage cuivreux et un
grand nombre de perles ont été découverts dispersées
dans la tombe (fig. 8). Deux anneaux sont formés d’une
tige de section carrée décorée sur l’ensemble de sa
surface externe de petites lignes en demi-cercle (fig. 6fg). Un décor exactement semblable est visible sur un
bracelet découvert à Augst (Riha 1990, Taf. 19, n° 543),
correspondant au type 3.19., daté entre la fin du IIe et
la première moitié du IVe s. ap. J.-C. E. Riha l’identifie
comme un bracelet d’enfant ou un anneau de cheveux
(Riha 1990, 58). L’objet ne trouve pas de parallèles dans
la typologie d’E. Swift (Swift 2000).
Il peut être assimilé au type Riha 23, variante 3
regroupant les anneaux torsadés de deux à cinq fils,
Ils sont associés à un troisième anneau (fig. 6h) formé
d’une tige à section en D, dont les deux extrémités ont
été martelées pour former une plaque rectangulaire
au centre de laquelle a été gravée une croix entourée,
Fig. 7 : Anneaux in situ de la sépulture 36 (cliché : M. Gagnol, Inrap).
Fig. 8 : Anneaux in situ de la sépulture 118 (cliché : P. Rigaud, Inrap).
(8) L’objet étant trop dégradé, aucune reconstitution de diamètre n’a pu être proposée.
Fichier éditeur destiné à un usage privé
Rencontres Instrumentum – Lyon 2012
de part et d’autre, par deux rangées verticales de
quatre points (motif incisé ou poinçonné). L’objet a été
serré de telle manière que la plaque vienne toucher
l’autre extrémité afin d’en assurer la fermeture. Cet
anneau ne rencontre aucun parallèle connu.
277
. Dans la sépulture 65 a été mis au jour un squelette
de femme adulte portant une bague composée de
trois anneaux entremêlés et/ou collés par la corrosion.
Deux sont en fer et un en alliage cuivreux. Ce dernier
présente un anneau de section ronde et fine orné d’une
plaque carrée surmontée d’un décor gravé (10). Cette
Dans ces deux sépultures d’immatures, les anneaux,
de par leur emplacement, ne semblent donc pas avoir
la même utilisation que pour les sujets féminins. Il
pourrait s’agir à première vue, en raison de la petite
taille des objets et de l’âge de l’individu, de petits
bracelets d’enfants.
Cependant, certains éléments nous invitent à
envisager la présence d’objets utilisés dans le maintien
de la chevelure. En effet, un artefact similaire aux
anneaux de la sépulture 118 a été interprété par E. Riha
comme un possible anneau de cheveux (1990, 58). De
plus, les observations anthropologiques effectuées
sur la sépulture 36 démontrent une bascule du crâne
entraînée par un élément en matière périssable à
l’arrière de celui-ci (les anneaux et perles étant regroupés
dans cette zone). Dans la sépulture 118, une coloration
verte sur le crâne, associée également à une bascule de
celui-ci, indiquerait une position similaire.
Ces coiffes sont connues pour l’époque mérovingienne. Nous pouvons citer l’exemple de Chasseneuilsur-Bonnieure (Poignant et al. 2005, n. p.), où fut mis
au jour une coiffe formée d’un grand nombre de perles
et de deux anneaux en alliage cuivreux, datée de la
deuxième moitié du Ve s. ap. J.-C.
Cependant, nous ne pouvons exclure la présence
d’un sac ou d’un coffret, contenant de petits bracelets
d’enfants, déposé à l’arrière du crâne, comme dans la
sépulture 137 de la nécropole du Verdier (9) (Raynaud
et al. 2010, 67) ou dans la sépulture 504 de l’espace
funéraire du Pillon à Marennes (Blaizot et al. 2001,
315).
2. Les bagues
a. Présentation et répartition
Les bagues trouvées sur le site sont majoritairement
associées à des individus de sexe féminin. C’est le cas
des sépultures 65, 103 et 126.
Fig. 9 : Bagues des sépultures 103 et 126 (clichés : P. Rigaud, Inrap).
(9) Un coffret de bois contenait deux bracelets, une chaînette en bronze ainsi qu’un collier de perles de verre, d’os et d’ambre qui
était déposé à droite du crâne.
(10) Le décor n’est pas visible malgré la radiographie effectuée. Une restauration de l’objet sera nécessaire.
Fichier éditeur destiné à un usage privé
278
Le petit mobilier métallique issu d’une nécropole de l’Antiquité tardive à Savasse (Drôme)
bague peut être classée dans le type Guiraud 4f (1989,
190, fig. 31) ou le type 2.8.2 défini par E. Riha (1990,
Taf. 8, n° 133-135). Ce type a été daté de la deuxième
moitié du IVe s. ap. J.-C. avec une répartition dans tout
l’Empire.
. Les sépultures 103 et 126 étaient celles de femmes
adultes portant des bagues simples, circulaires, en
alliage cuivreux sans décor, et présentant une section en
“D” (fig. 10 a-b). L’artefact peut également être classé
dans les bagues de type Guiraud 8c (Guiraud 1989,
fig. 45). Ces anneaux se retrouvent dans toutes les
régions, mais surtout dans le nord-est de la Gaule, en
particulier dans les vici, les zones rurales et les forts du
limes (Ibid., 197).
Sur le site, les bagues sont majoritairement portées
à la main gauche autour de l’annulaire, à l’instar de
nos alliances actuelles. Cependant leur position exacte
diffère : elles sont enfilées seulement jusqu’à la seconde
phalange comme on le remarque lorsqu’elles sont
trouvées en place (fig. 9).
On notera également que, dans la nécropole de
Savasse comme dans celles de Gaule méridionale
(Feugère 1993, 143), les bagues sont portées uniquement par les femmes.
b. La bague à motif chrétien
Une seule bague du site est portée à droite (11). Il
s’agit d’une bague en alliage cuivreux, découverte en
position fonctionnelle dans la sépulture 62, datée par
une analyse C14 entre 260 et 430 ap. J.-C. et contenant
le squelette d’un immature entre 1 et 9 ans accompagné
de deux céramiques. Cette bague a été coupée et serrée
afin de s’adapter à la taille de l’individu. On remarque
qu’une tentative de section a été effectuée parallèlement
à la partie resserrée (fig. 10c).
La forme de la bague incite à la classer dans le
type 2.8.2 défini par E. Riha daté de la deuxième moitié
du IVe s. ap. J.-C. et réparti dans tout l’Empire (Riha
1990, 35-36). Erwin Keller date de tels objets du
troisième tiers du IVe s. ap. J.-C., dans des inhumations
situées en Bavière du Sud (Keller 1971, 109). En Gaule,
ces bagues monométalliques de type Guiraud 4f (1989,
fig. 31), datées du IVe s. ap. J.-C., sont portées par des
(11) L’ensemble des bagues du site sont portées à la main
gauche.
(12) Je remercie M. Feugère pour ces informations.
catégories sociales modestes et se retrouvent particulièrement dans le nord-est de la Gaule, avec toutefois
quelques exemplaires connus en Narbonnaise (Ibid.,
191).
Le décor de cette bague est remarquable : il s’agit
en effet d’un chrisme, symbole chrétien formé par la
superposition des deux premières lettres du nom du
Christ en grec : “khi” et “rhô”.
À Augst est signalée une bague en argent ornée d’un
chrisme inversé (Riha 1990, Taf. 7, n° 122).
Plus au nord, F. Henkel, dans son ouvrage sur
les bagues romaines de Rhénanie et des provinces
alentour, mentionne également trois exemplaires avec
chrisme du IVe s. ap. J.-C. (Henkel 1913, Taf. 39,
n° 1004, Taf. 42, n° 1061, Taf. 70, n° 1864).
En Gaule méridionale, on signalera un exemplaire
très proche du nôtre : une bague en alliage cuivreux à
chaton circulaire massif mise au jour à Fontès, au lieudit Les Pradesses (Hérault) (Depeyrot et al. 1986, 129,
fig. 20, n° 4) datée entre le IVe s. et le début du Ve s. ap.
J.-C. (12).
Le degré de christianisation de cette population ne
peut être évidemment abordé à partir de ce seul objet.
Toutefois, le fait que cette bague ait été sectionnée et
resserrée pour s’adapter au doigt de l’enfant démontre
une volonté manifeste de la part d’une famille de
marquer l’individu comme chrétien. Pourtant, la sépulture et l’ensemble funéraire de Savasse, de manière
générale, montrent plutôt des signes de croyances
païennes (sépultures habillées, dépôts de céramique,
de faune, etc.). Peut-on alors parler d’un seul individu
et, de par le fait, d’une seule famille adoptant ces
croyances ? Ou cette bague est-elle l’illustration d’une
foi chrétienne de plus en plus répandue mais qui reste
dans un cadre quotidien et familial et dont l’Église, à la
fin du IVe s., n’a pas encore contrôlé les rites ?
SP 62 - us 671.3 - obj 89
SP 103 - obj 49
a.
SP 126 - obj 233
b.
c.
Fig. 10 : a-b. Bagues des sépultures 103 et 126 ; c. Bague ornée d’un
chrisme de la sépulture 62 (DAO : F. Pennors, Inrap).
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L’habillement
1. Les ceintures
a. Présentation
. Dans la sépulture 7, le squelette d’un immature entre
1 et 4 ans était accompagné d’une plaque-boucle de
ceinture en alliage cuivreux rigide, coulée (fig. 12a). La
boucle est ovale à simples volutes internes. La plaque,
étroite et rectangulaire, est pourvue de deux rivets de
fixation au cuir de la ceinture. L’ardillon droit avec
extrémité distale en arc de cercle vient s’enrouler autour
de la barre reliant les volutes de la boucle. La largeur du
cuir de la ceinture peut être évaluée à environ 30 mm
(largeur interne de la boucle).
Selon la typologie établie par Marcus Sommer (1984),
il est possible de classer l’objet dans la Classe 3, type A
ou B. Ces boucles, principalement connues en Gaule,
Bretagne et Italie, circulent durant tout le Bas-Empire
(Aurrecoechea Fernández 2001, 24).
. Dans la sépulture 18 a été mis au jour le squelette d’un
homme adulte portant une plaque-boucle de ceinture
entière articulée (fig. 12b). La boucle est zoomorphe,
composée de deux têtes affrontées de dauphin. La
plaque rectangulaire, formée d’une tôle pliée en
deux, vient s’enrouler autour de la boucle de part et
d’autre de l’ardillon. Deux rivets de fixation permettent l’attache au cuir de la ceinture insérée entre les
deux tôles formant une plaque ornées d’incisions et
d’un décor ocellé.
279
nécropole du Verdier (Hérault) et daté du IVe s. ap. J.C. (Raynaud et al. 2010, pl. 40, objet 373).
. Les sépultures 37 et 78 renfermaient des boucles de
ceintures simples, formées d’un arc simple de section
ovale en alliage cuivreux et soudé à l’ardillon en
fer (sépulture 37) (fig. 12c) ou en alliage cuivreux
(sépulture 78) (fig. 12d). Portées par des hommes
adultes, elles sont en position fonctionnelle.
. Dans la sépulture 71, un squelette d’homme âgé
portait une boucle de ceinture en alliage cuivreux
comprenant un rivet de charnière en fer (fig. 12e). La
boucle est en forme de pelte allongée.
. La sépulture 94 contenait un squelette d’homme
adulte dont seule la boucle de ceinture, coulée, de forme
rectangulaire à section ronde, est préservée (fig. 12f).
Un reste d’ardillon en fer est toutefois visible.
. À l’intérieur de la sépulture 107 une ceinture composée
de plusieurs éléments, tous en place, était associée au
squelette d’un homme adulte (fig. 11).
Selon la typologie établie par M Sommer (1984), il est
possible de classer l’objet dans la Classe 1, Forme C,
type D variante 2, datée entre le début du IVe et le début
du Ve s. ap. J.-C. Ces boucles circulent durant tout le BasEmpire et leur aire de diffusion comprend l’Italie et la
Gaule (Aurrecoechea Fernández 2001, 20). M. Sommer
conclut que les types avec boucles zoomorphes sont
caractéristiques du Nord de la Gaule, de la zone rhénane
et de la province belge. Les spécimens trouvés en Italie,
au Nord de l’Afrique et en Espagne sont qualifiés
d’anecdotiques (Sommer 1984, 29).
On trouve en Gaule différents parallèles, comme
ces boucles découvertes dans la nécropole datée du
IVe s. ap. J.-C. du Camp des Armes à Saint-Maurice-deNavacelles dans l’Hérault (Feugère 2002, 89). Selon
Michel Feugère, ce type de boucles peut être considéré
comme militaria. On signalera également un exemplaire similaire mis au jour dans la tombe 193 de la
Fig. 11 : Ceinture in situ de la sépulture 107 formée d’une plaqueboucle, d’anneaux et d’un ferret (cliché : P. Rigaud, Inrap).
Fichier éditeur destiné à un usage privé
Le petit mobilier métallique issu d’une nécropole de l’Antiquité tardive à Savasse (Drôme)
280
a.
b.
c.
d.
f.
Fig. 12 : a. Plaque-boucle de ceinture de la sépulture 7 ; b. Plaqueboucle de ceinture de la sépulture 18 ; c-d. Boucles de ceinture des
sépultures 37 et 78 ; e. Boucle de ceinture de la sépulture 71 ;
f. Boucle de ceinture de la sépulture 94 (DAO : F. Pennors, Inrap).
e.
Fichier éditeur destiné à un usage privé
Rencontres Instrumentum – Lyon 2012
281
a.
c.
d.
b.
Fig. 13 : a-c. Ceinture de la sépulture 107 formée d’une plaque-boucle, d’anneaux et d’un
ferret (DAO : F. Pennors, Inrap) ; d. Ferret de ceinture découvert sur la commune
d’Abeilhan (Hérault) au lieu-dit Pech-Clavel (d’après Feugère 2002, 68-69) ; e. Boucle de
type Tirig provenant de Saint-Clément (Gard) (d’après Feugère 1996, 277).
Fichier éditeur destiné à un usage privé
e.
282
Le petit mobilier métallique issu d’une nécropole de l’Antiquité tardive à Savasse (Drôme)
Tout d’abord, un ferret de ceinture en alliage cuivreux,
coulé, en forme d’amphore, dont le sommet comporte deux trous utilisés pour la fixation rivetée sur
l’extrémité de la ceinture ; les anses sont formées de
deux peltes ajourées. Le corps est orné de treize ocelles
(fig. 13a).
deuxième moitié du IVe s. ap. J.-C., voire dans le dernier
tiers de ce siècle. En Espagne, leur présence est
expliquée par l’arrivée sur le territoire hispanique
d’officiers en charge des contingents militaires du Rhin
ou de la région du Danube (Aurrecoechea Fernández
2001, 109-110).
Il est possible de rattacher ce ferret au type B-A établi
par M. Sommer (1984, 79) daté, en Gaule et dans les
régions rhénanes, de la première moitié du IVe s. ap. J.C. Dans les provinces danubiennes, ils recouvrent une
chronologie plus large allant de la fin du IIIe s. ap. J.-C.
jusqu’à 400 ap. J.-C. (Aurrecoechea Fernández 2001,
32).
Deux exemplaires du Sud de la Gaule sont notifiés par
M. Feugère : l’un conservé au Musée de Montpellier
d’origine inconnue (Feugère 2002, 196) et l’autre provenant de Saint-Clément (Gard) (Feugère 1996, 277)
(fig. 13e). Ces objets sont connus dans l’équipement
militaire des foederati du Nord de la Gaule selon
M. Feugère et sont datés de manière assez large du Ve s.
ap. J.-C. (Feugère 1993, 146).
En Gaule, plusieurs exemplaires similaires sont signalés :
dans le Centre-Ouest de la Gaule, l’un à Saint-Saturnindu-Bois (Charente-Maritime) orné d’ocelles (Mousset
et al. 2009, fig. 5, n° 1), l’autre à Drevant (Cher) parmi
le mobilier tardif du théâtre (13), sans le décor ocellé,
(Ibid., 21).
Dans le département de l’Hérault (fig. 13d), ces objets
sont datés de la fin du IVe, voire du Ve s. ap. J.-C.
M. Feugère relève l’abondance des ocelles sur les ferrets
de Gaule méridionale, et les qualifie de probable style
régional (Feugère 2002, 68) ; notre exemplaire va dans
ce sens.
Le deuxième élément de cette ceinture est une plaqueboucle en alliage cuivreux, rectangulaire, coulée, à
quatre rivets de fixation au revers (fig. 13b). La plaque
est ajourée de trois cercles et trois fenêtres en forme de
trous de serrure alignées. La charnière est formée de
quatre œillets sur la plaque, deux sur la boucle et un sur
l’ardillon aviforme, ainsi que d’un axe en fer. La boucle
est zoomorphe, représentant deux dauphins stylisés
affrontés. L’ardillon et la plaque sont décorés d’ocelles.
L’objet peut également être classé dans la Classe 3,
Type B de M. Sommer (1984, 38) et semble être
d’origine germanique. Sa diffusion dans les provinces
occidentales ayant eu lieu, selon Sommer, durant la
première moitié du Ve s. ap. J.-C.
De nombreux exemplaires espagnols ont également été
mis au jour. Ce type de plaque-boucle delfiniforme est
nommé type “Tirig” et s’étend du Nord-Est de l’Espagne
et du Sud de la Gaule jusqu’aux provinces les plus
occidentales (Bretagne, Gaule, Italie et Espagne). Ces
plaques-boucles semblent avoir été en usage durant la
Enfin, deux anneaux en fer, corrodés entre eux, ont
été mis au jour (fig. 13c). Des traces de cuir ont été
discernées à la loupe binoculaire démontrant le possible
passage du cuir de la ceinture dans ces anneaux. Cette
hypothèse est renforcée par la localisation de l’objet
dans l’axe de la plaque-boucle. Ils auraient pu servir à
la suspension d’objets à la ceinture.
Un parallèle peut être établi avec l’anneau retrouvé
dans une inhumation plus tardive (du VIe s. ap. J.-C.)
à Marseille et situé au même emplacement sur le
squelette. Il est également identifié comme anneau de
ceinture (Boyer et al. 1987, 38).
b. Provenance des ceintures et question des militariae
Les ceintures issues des sépultures 7 et 18 ont pu
être datées par comparaison à la fin du IVe, tandis que
l’exemplaire de la sépulture 107 semble plus tardif
(début du Ve s. ap. J.-C.).
Les éléments de ceinture ont été majoritairement
mis au jour dans des inhumations d’hommes adultes
(six tombes sur sept). Cette répartition ainsi que la
forme de certains objets (14) nous invitent à porter
notre réflexion sur leur lien avec le statut militaire des
individus.
Peut-on affirmer que ces derniers exerçaient ou ont
exercé dans l’armée ? En effet, ces éléments de ceinture
se rattachent à des séries connues dans l’équipement des
foederati du Nord de la Gaule entre la deuxième moitié
du IVe et le début du Ve s. ap. J.-C. Cependant, un grand
nombre de ferrets en forme d’amphore ont été décou-
(13) Fouille SRA, dir. C. Cribellier. Objet inv. 17, US 1113 : étude en cours par I. Bertrand.
(14) Voir les ceintures des sépultures 18 et 107.
Fichier éditeur destiné à un usage privé
Rencontres Instrumentum – Lyon 2012
283
verts en Gaule méridionale, posant à nouveau la question
des rapports réels entre ces ceintures tardives et le
monde germanique. Les travaux de M. Feugère ont
essentiellement souligné l’originalité d’une grande
partie des découvertes méridionales, qui invite à ne pas
rattacher nécessairement toutes les trouvailles à des
parallèles septentrionaux (Feugère 1999, 17).
En effet, il apparaît, comme nous l’avons vu
précédemment, que les exemples analogues les plus
proches des éléments de ceinture mis au jour dans la
nécropole de Savasse sont attestés en Gaule méridionale
(Feugère 2002, 68). Nous souscrivons donc à l’hypothèse
d’une influence méditerranéenne (importations ou
production locale) s’inspirant elle-même, plus ou moins
fidèlement, des modèles germaniques.
En raison du nombre de découvertes, il est délicat
d’associer systématiquement ces artefacts à des individus exerçant une carrière militaire. Nous évoquerons
plutôt une “mode” imitant des objets portés par les
légionnaires, et devenus des accessoires vestimentaires
civils onéreux (15) et à vocation probablement ostentatoire.
2. Les chaussures
Un total de 1 128 clous de chaussures a été mis au
jour dans 22 sépultures. Seuls des adultes portent des
chaussures cloutées et ils sont très majoritairement des
hommes (20 cas sur 22).
Sur le terrain, quelques clous de chaussures en place
ont été prélevés à l’aide de bandes plâtrées dans
lesquelles a été coulé du silicone. Une radiographie
a ensuite été effectuée sur ce prélèvement afin de
proposer un dessin et une reconstitution partielle de la
semelle.
Fig. 14 : Clous de chaussures de la sépulture 2 (cliché : Y. Gleize,
Inrap).
. Dans la sépulture 2, les 113 clous étaient, majoritairement, encore en place, ce qui a permis de reconstituer
l’apparence des semelles. Celles-ci étaient situées sur le
bassin du défunt. Parmi les clous de cette semelle se
trouvait une phalange proximale du pied. Il a donc été
envisagé l’existence de chaussures portées à l’origine et
déplacées par les fortes circulations d’eau dans la fosse
(fig. 14). Il est possible d’évaluer un cloutage comportant
une soixantaine de clous sur chaque chaussure, formés
de têtes convexes sans décor, marqués par l’usure, et de
pointes coudées en angle droit ou droites.
Le modèle de chaussure exact (caligae, solae, etc.) ne
peut être établi, les clous ne dessinant pas de décor
particulier (fig. 15).
En effet, les clous, utilisés afin d’éviter une abrasion
trop rapide des semelles, étaient implantés différemment selon le type de chaussure (Coulthard 2000, 177194).
Un sablage (16) a été pratiqué sur les clous de
chaussures des sépultures masculines afin de s’assurer
de l’absence de décor sous les têtes (17).
Fig. 15 : Restitution des semelles de la sépulture 2
(dessin et DAO : M. Gagnol, Inrap).
(15) En témoignent les réparations opérées sur certaines boucles d’alliage cuivreux ayant perdu leur ardillon, remplacé par une
pièce de fer (sépultures 37 et 94).
(16) Effectué par le Centre de restauration et d’études archéologiques municipal Gabriel Chapotat (CREAM) de Vienne.
(17) En effet, la présence de décors sous les têtes de clous permet de mettre en évidence le port de chaussures par les légionnaires
(Poux 2008, 377).
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284
Le petit mobilier métallique issu d’une nécropole de l’Antiquité tardive à Savasse (Drôme)
. Dans la sépulture 92, seule la chaussure droite a été
prélevée pour être radiographiée (quelques clous de la
chaussure gauche ont cependant dû être pris avec).
La sépulture a livré 166 clous, il est donc possible
d’évaluer un cloutage comportant environ 80 clous sur
chaque chaussure. Ceux-ci étaient situés sous les pieds
du défunt, l’individu étant donc probablement chaussé
lors de son inhumation.
Les clous sont ici plantés de façon aléatoire, sans
dessiner de décor particulier (fig. 16). Il semble toutefois qu’une rangée soit disposée parallèlement au bord
des semelles, avec un espacement variant de 10 à 15 mm.
Ces constatations agréeraient le classement de ces
semelles dans le premier groupe établi par L. B. Miller
(Miller, Rhodes 1980) regroupant les chaussures cloutées
fermées.
Le modèle de chaussure ne peut être établi. Cependant,
l’abondance des clous et la forme du cloutage (arrondi
à l’extrémité, à proximité du talon) nous conduisent à
identifier une caliga, une chaussure à bords remontants,
confectionnée dans une seule pièce de cuir dont les côtés
étaient découpés pour laisser des ouvertures que l’on
rabattait sur le pied pour les attacher par des lacets
(Leguilloux 2004, 121) (fig. 17).
En Gaule, pendant le Haut-Empire, l’usage des
chaussures cloutées s’est généralisé chez les adultes de
sexe masculin ou féminin comme chez les enfants (Poux
2008, 377). Au Bas-Empire, l’emploi de la caliga par des
paysans est attesté par la mention de caligae rusticae
dans l’Edit sur les prix de Dioclétien (Edictum de pretiis
rerum venalium, IX, 5), suggérant son utilisation pour
les travaux agricoles.
Fig. 17 : Reconstitution d’une paire de caligae [Image en ligne].
http://www.larp.com/legioxx/supplrs.html (© William Stephenson
Leather Crafts).
Fig. 16 : Restitution des semelles de la sépulture 92 (Dessin et DAO :
M. Gagnol, Inrap).
En effet, on remarque sur le site que seuls 17 %
des individus de l’ensemble funéraire portent des
chaussures cloutées et qu’il s’agit majoritairement
d’adultes de sexe masculin (82 %) (fig. 18). Nous
noterons également l’absence de chaussures cloutées
dans les sépultures d’immatures.
Les chaussures sont fréquemment attestées dans les
tombes de l’Antiquité tardive de Gaule méridionale
(Feugère 1993, 145), mais sont parfois, au contraire de
celles découvertes sur le site, déposées près du défunt.
Fig. 18 : Tableau de répartition des paires de chaussures selon le sexe
et l’âge des individus (M. Gagnol, Inrap).
Fichier éditeur destiné à un usage privé
Rencontres Instrumentum – Lyon 2012
285
Il faut cependant nuancer le propos puisque nous
n’évoquons ici que les chaussures à semelles cloutées,
nous ne pouvons connaître la proportion et la position
de chaussures cousues, qui n’auraient laissé aucun
vestige.
Un objet indéterminé
Dans la sépulture 34, sous le tibia droit d’un
adolescent âgé entre 17 et 21 ans, était située une tige
serpentiforme entière, de section circulaire en alliage
cuivreux (18) (fig. 19). Les extrémités de l’objet sont
légèrement recourbées suggérant son attache sur un
support en matière périssable, comme du cuir ou du
tissu (la finesse de l’artefact ne permettant pas une
fixation sur bois) (19).
I. Bertrand signale un objet similaire mais plus
court, dénommé “crochet”, découvert dans les fouilles
de La Grande Avenue à Barzan en Charente-Maritime
(Bertrand 2007, 116-118). Nous noterons également la
découverte d’un objet identique à Roanne lors des
fouilles réalisées en 2011 au 81-83 rue de Charlieu
(Gagnol 2012, 239, fig. 4). Leur fonction n’est, à ce jour,
pas définie.
Il est possible, en raison de sa facture et de son
positionnement dans la tombe, qu’il s’agisse d’un objet
à destination décorative, probablement cousu sur un
vêtement.
Nous n’écartons cependant pas l’hypothèse d’un
objet plus ancien “gardé” ou intrusif. En effet, la facture
de l’objet ressemble fortement à des productions protohistoriques, notamment à des bracelets de La Tène
ancienne (Hatt, Roualet 1977, pl. IX et XI).
Synthèse
L’étude d’un contexte privilégié comme cet ensemble
funéraire fouillé de façon exhaustive a permis de tirer
quelques enseignements.
Fig. 19 : Objet indéterminé de la sépulture 34 (cliché : Y. Gleize,
Inrap ; DAO : F. Pennors, Inrap).
homme adulte
femme adulte
immature
Plusieurs observations ont pu être distinguées sur
la répartition de l’instrumentum en fonction de l’identité
biologique du défunt (fig. 20).
(18) Dimensions et poids : Long. = 51 mm ; larg. = de 16 à
22 mm ; Ép. = 2 mm ; Poids = 4,2 g.
(19) L’étude anthropologique ne permet pas de préciser s’il
s’agit d’un dépôt ou d’un élément présent dans le comblement.
Fig. 20 : Répartition des objets par domaine, selon le sexe et l’âge des
défunts (M. Gagnol, Inrap).
Fichier éditeur destiné à un usage privé
286
Le petit mobilier métallique issu d’une nécropole de l’Antiquité tardive à Savasse (Drôme)
Les éléments liés à l’habillement apparaissent en
grande majorité chez les adultes de sexe masculin et
sont peu représentés chez les femmes puisque aucune
ne porte de ceinture et que seules deux paires de
chaussures cloutées leur sont allouées (sur 22 cas). De
la même manière, seul un élément de ceinture est
associé à un immature et aucun ne disposait de
chaussures cloutées. On notera que quatre individus
sur les huit portant des ceintures sont également dotés
de chaussures cloutées.
La parure, a contrario, domine chez les sujets
adultes féminins, tout en étant absente des sépultures
masculines, exception faite d’un bracelet en fer dans la
sépulture 116. Les deux coiffes du site sont portées par
des sujets immatures de moins de 5 ans. Les bagues
ou anneaux sont affectés à trois femmes et un enfant
(SP 62) et dans ce dernier cas, la bague de taille adulte
a été adaptée à la taille du doigt de l’enfant. On
rappellera également qu’à Savasse, seules deux tombes
associaient bracelets et bagues : les sépultures 103 et 65.
Ainsi, il apparaît sur ce site une forte sexuation des
objets : les éléments de parure étant plutôt attribués
aux femmes tandis que les ceintures et les chaussures
cloutées sont allouées aux hommes.
Les datations fournies par le petit mobilier métallique confirment celles de la céramique et des analyses
C14 (fig. 21 et 22).
Ainsi, les objets de parure (bagues, bracelets et
coiffes), bien datés par comparaison du IVe s. ap. J.-C.,
apparaissent plutôt dans la phase la plus ancienne du
site (entre 300 et 450 ap. J.-C.).
À l’inverse, une majorité des accessoires vestimentaires, et notamment les ceintures, dont on propose une
datation entre la fin du IVe et le début du Ve s. ap. J.-C.,
sont concentrés en périphérie de l’emprise de la
nécropole, dans la phase la plus récente de celle-ci (entre
400 et 550 ap. J.-C.) indiquant à l’évidence une conservation et une transmission de ces objets.
Les chaussures cloutées, présentes dans l’ensemble
des phases du site, semblent plus nombreuses dans la
phase plus récente.
On observe donc, à Savasse, une raréfaction des
objets de parure à partir du début du Ve s. au profit
des seuls éléments vestimentaires. Cette constatation
associée au fait que l’ensemble de ces artefacts, parure
ou habillement, sont portés par le défunt et qu’aucun
objet personnel n’apparaît au sein d’un dépôt nous
incitent à évoquer une christianisation de cette population, apparente dans la nécropole à partir du IVe s. ap.
J.-C. (20) et liée à ce traitement de la symbolique funéraire.
Celle-ci est complexe et évidemment progressive
au regard du maintien des rites païens associés (21),
illustrant une foi chrétienne dont l’Église n’a pas encore
contrôlé les rites liés au domaine funéraire et laissant
apparaître une distinction entre les pratiques sociales et
le sentiment religieux.
Par ailleurs, il semble délicat, au regard du mobilier
funéraire, de définir le statut social de cette population.
Certes, le mobilier métallique, comme nous l’avons vu
plus tôt à travers les multiples éléments de comparaison, paraît plutôt courant, reflet d’un statut social
modeste. Mais il est difficile de s’en tenir à cette unique
interprétation, le degré social dans le domaine funéraire
se traduisant surtout par ce qui touche aux signes visibles
comme la couverture de la tombe et son environnement.
Ainsi, on rappellera que les sarcophages sculptés de
l’aristocratie urbaine méridionale des IVe et Ve s. ont
bien rarement livré les trésors de vaisselle et les bijoux
que l’on pouvait attendre (Raynaud et al. 2010, 83).
L’influence culturelle de ces objets métalliques est
également difficile à définir. L’état actuel des recherches
concentrées sur la Bretagne, Augst et la Germanie ne
permet que d’évoquer les lieux de découverte d’objets
comparables et non les lieux de fabrication, et incite
à première vue à envisager l’appartenance de cette
population à une culture matérielle d’influence germanique témoignant soit de l’origine des défunts, soit
d’une mode exportée.
Nous nuancerons toutefois le propos, une variabilité régionale apparaissant clairement sur le mobilier
métallique de Savasse. C’est le cas sur les bracelets
qui ne rencontrent que de vagues parallèles dans la
typologie d’E. Swift ou d’E. Riha, ou encore sur l’abondance d’ocelles sur certains éléments de ceintures
associés à leur grande proximité avec des modèles
méditerranéens.
Nous envisagerons donc, pour la moyenne vallée
du Rhône, la possibilité d’une influence méridionale
(importations ou production locale) s’inspirant ellemême, plus ou moins fidèlement, des modèles germaniques ou de Gaule du Nord.
(20) Cf. La bague à motif chrétien (fig. 10c).
(21) On assiste, en effet, au maintien des dépôts de vase et de nourriture jusqu’à la phase la plus récente de la nécropole.
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Rencontres Instrumentum – Lyon 2012
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Fig. 21 : Sépultures datées par C14 et essai d’évolution
spatiale (DAO : P. Rigaud, Inrap).
Fichier éditeur destiné à un usage privé
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Le petit mobilier métallique issu d’une nécropole de l’Antiquité tardive à Savasse (Drôme)
Fig. 22 : Plan de répartition des objets métalliques selon le
type d’objet (DAO : M. Gagnol, Inrap).
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Rencontres Instrumentum – Lyon 2012
Les résultats de cette étude sont évidemment à
prendre avec la plus grande prudence et les recherches
sont à poursuivre avec une mise en contexte généralisée
associée à une multiplication des études comparatives.
Notre étude vient cependant enrichir le corpus
de mobilier métallique connu dans les nécropoles de
l’Antiquité tardive de la moyenne vallée du Rhône et
ajoute ainsi un nouvel élément de comparaison entre
les mobiliers étudiés dans des zones plus septentrionales par E. Riha et E. Swift et plus méridionales par
M. Feugère. Elle permettra avec les études à venir, nous
l’espérons, d’affiner les influences culturelles sur ce
type de mobilier et de poser un nouveau jalon dans
les connaissances du matériel métallique issu des
nécropoles de l’Antiquité tardive et par-delà celles des
pratiques funéraires de cette période.
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